Calcul du Taux de Formation d’Étoiles

Exercice : Taux de Formation d'Étoiles

Calcul du Taux de Formation d'Étoiles (SFR)

Contexte : L'étude de l'évolution des galaxies.

L'un des paramètres les plus fondamentaux pour comprendre comment les galaxies naissent et évoluent est le Taux de Formation d'ÉtoilesLe Star Formation Rate (SFR) est la masse totale de nouvelles étoiles formées dans une galaxie par unité de temps, généralement exprimée en masses solaires par an (M☉/an). (ou SFR, de l'anglais Star Formation Rate). Il nous renseigne sur l'activité actuelle d'une galaxie : est-elle en pleine effervescence, formant activement de nouvelles étoiles, ou est-elle une galaxie "morte" ou "passive" ? Dans cet exercice, nous allons utiliser des données observationnelles réalistes pour calculer le SFR d'une galaxie voisine en utilisant l'un des "traceurs" les plus fiables : la raie d'émission H-alpha.

Remarque Pédagogique : Cet exercice vous montrera comment les astrophysiciens passent d'une mesure directe (la quantité de lumière reçue par un télescope) à une quantité physique dérivée et fondamentale (la masse d'étoiles créées par an), en utilisant des relations physiques et des calibrages empiriques.


Objectifs Pédagogiques

  • Comprendre la définition et l'importance du Taux de Formation d'Étoiles (SFR).
  • Apprendre comment la raie H-alpha est utilisée comme un "traceur" de la formation stellaire récente.
  • Appliquer la relation de Kennicutt pour calculer le SFR à partir de la luminosité H-alpha.

Données de l'étude

Nous avons observé une galaxie spirale lointaine, nommée ASTERIA-G1, avec un télescope équipé d'un filtre H-alpha. Après traitement des images, nous avons mesuré le flux total intégré de la raie H-alpha provenant de la galaxie.

Fiche Technique de la Galaxie
Caractéristique Valeur
Galaxie observée ASTERIA-G1
Type Morphologique Spirale (Sbc)
Distance (D) 15 Mégaparsecs (Mpc)
Schéma de l'Observation
Galaxie ASTERIA-G1 Flux H-alpha Observatoire
Paramètre Symbole Valeur Unité
Flux H-alpha mesuré \( F_{H\alpha} \) \( 2.5 \times 10^{-12} \) \( \text{erg s}^{-1} \text{cm}^{-2} \)
Constante de Kennicutt \( C_{H\alpha} \) \( 7.9 \times 10^{-42} \) \( \text{M}_{\odot} \text{ an}^{-1} / (\text{erg s}^{-1}) \)

Questions à traiter

  1. Calculer la luminosité H-alpha (\(L_{H\alpha}\)) de la galaxie ASTERIA-G1.
  2. Estimer son Taux de Formation d'Étoiles (SFR) en utilisant la relation de Kennicutt.
  3. Discuter de l'effet de l'extinction par la poussière interstellaire sur ce calcul. Le SFR est-il probablement sous-estimé ou sur-estimé ?

Les bases sur la Mesure de la Formation d'Étoiles

Puisqu'il est impossible de compter les étoiles une par une dans les galaxies lointaines, les astrophysiciens utilisent des "traceurs". Ce sont des types de lumière (ou rayonnement) qui sont émis préférentiellement par les étoiles jeunes et massives. En mesurant l'intensité de cette lumière, on peut déduire le nombre de jeunes étoiles et donc le SFR.

1. Relation entre Flux et Luminosité
Le flux (\(F\)) est l'énergie lumineuse que l'on reçoit par unité de surface sur Terre. La luminosité (\(L\)) est l'énergie totale émise par l'objet par seconde. Ces deux quantités sont liées par la distance (\(D\)) à l'objet. La lumière se propage dans toutes les directions, se répartissant sur une sphère de surface \(4 \pi D^2\). \[ L = 4 \pi D^2 F \]

2. La Raie H-alpha : un excellent traceur
Les étoiles les plus massives (\( > 8 M_{\odot} \)) ont une durée de vie très courte (quelques millions d'années). Elles sont extrêmement chaudes et émettent beaucoup de photons ultraviolets. Ces photons ionisent l'hydrogène gazeux environnant (régions HII). Lorsque les électrons se recombinent avec les protons, ils émettent de la lumière à des longueurs d'onde spécifiques, dont la plus intense dans le visible est la raie H-alpha (à 656.3 nm). La luminosité de cette raie est directement proportionnelle au nombre de photons ionisants, et donc au nombre de jeunes étoiles massives.

3. La Relation de Kennicutt-Schmidt
Grâce à des modèles et des observations, des relations empiriques ont été établies pour convertir la luminosité d'un traceur en SFR. La plus célèbre pour H-alpha est celle de Kennicutt (1998) : \[ \text{SFR} \, (\text{M}_{\odot}/\text{an}) = C_{H\alpha} \times L_{H\alpha} \, (\text{erg}/\text{s}) \] Où \(C_{H\alpha}\) est une constante de calibration.


Correction : Calcul du Taux de Formation d'Étoiles

Question 1 : Calculer la luminosité H-alpha (\(L_{H\alpha}\))

Principe

L'objectif est de passer de la luminosité apparente (le flux que nous mesurons sur Terre) à la luminosité intrinsèque (l'énergie totale réellement émise par la galaxie). Pour cela, il faut connaître la distance de la galaxie, car la lumière s'affaiblit avec le carré de la distance en se répartissant sur une sphère de plus en plus grande.

Mini-Cours

Ce calcul repose sur la loi de l'inverse du carré pour la lumière. Imaginez une ampoule : plus vous vous en éloignez, moins elle vous semble brillante. La quantité de lumière (flux) que vous recevez diminue comme l'inverse du carré de votre distance à l'ampoule. C'est exactement le même principe pour une galaxie.

Remarque Pédagogique

Pensez-y comme si la galaxie dépensait un "budget" d'énergie total (sa luminosité). Ce budget doit être réparti sur toute la surface d'une sphère imaginaire dont nous sommes un point. Plus la sphère est grande (plus la galaxie est loin), plus la part d'énergie que nous recevons (le flux) est faible.

Normes

En astrophysique, il n'y a pas de "normes" réglementaires comme en ingénierie civile. Cependant, la communauté scientifique s'accorde sur des constantes et des paramètres cosmologiques standards. La mesure de la distance elle-même dépend de ces paramètres (comme la constante de Hubble, H₀). Une incertitude sur la distance est la source d'erreur la plus commune dans ce calcul.

Formule(s)

La relation fondamentale liant la luminosité au flux est :

\[ L_{H\alpha} = 4 \pi D^2 F_{H\alpha} \]
Hypothèses

On suppose que l'émission H-alpha de la galaxie est isotrope, c'est-à-dire qu'elle est émise de manière égale dans toutes les directions de l'espace. C'est une bonne approximation pour une galaxie entière.

Donnée(s)

Nous utilisons les données de l'énoncé. La seule étape délicate est la conversion d'unités pour la distance.

ParamètreSymboleValeurUnité
Flux mesuré\(F_{H\alpha}\)\(2.5 \times 10^{-12}\)\(\text{erg s}^{-1} \text{cm}^{-2}\)
Distance\(D\)15\(\text{Mpc}\)
Astuces

Attention aux unités ! Tous les calculs en physique doivent être faits dans un système cohérent (ici, le CGS : centimètre, gramme, seconde). La principale conversion à faire est celle des Mégaparsecs (Mpc) en centimètres (cm).
\(1 \text{ pc} \approx 3.086 \times 10^{18} \text{ cm} \Rightarrow 1 \text{ Mpc} \approx 3.086 \times 10^{24} \text{ cm}\).

Schéma (Avant les calculs)

Ce schéma illustre la loi de l'inverse du carré. La même quantité d'énergie (Luminosité) émise par la galaxie se répartit sur des sphères de plus en plus grandes, donc le flux (énergie par unité de surface) diminue.

Propagation de la Lumière
GalaxieFlux F₁Distance D₁Flux F₂ < F₁Distance D₂ > D₁
Calcul(s)

Étape 1 : Conversion de la distance

On applique le facteur de conversion pour obtenir la distance en centimètres.

\[ \begin{aligned} D &= 15 \text{ Mpc} \times \frac{3.086 \times 10^{24} \text{ cm}}{1 \text{ Mpc}} \\ &= 4.629 \times 10^{25} \text{ cm} \end{aligned} \]

Étape 2 : Calcul de la luminosité

On substitue les valeurs numériques du flux et de la distance (en cm) dans la formule de la luminosité.

\[ \begin{aligned} L_{H\alpha} &= 4 \pi D^2 F_{H\alpha} \\ &= 4 \pi (4.629 \times 10^{25})^2 \times (2.5 \times 10^{-12}) \end{aligned} \]

On effectue le calcul final pour obtenir la luminosité en erg/s.

\[ L_{H\alpha} = 6.73 \times 10^{40} \text{ erg s}^{-1} \]
Schéma (Après les calculs)

Ce diagramme met en perspective l'énorme luminosité de la galaxie ASTERIA-G1 dans la seule raie H-alpha, en la comparant à la luminosité totale (sur toutes les longueurs d'onde) de notre Soleil.

Comparaison de Luminosité (Échelle Logarithmique)
Luminosité (erg/s)Soleil (Total)3.8 x 10³³ASTERIA-G1 (H-alpha)6.7 x 10⁴⁰
Réflexions

La luminosité obtenue, \(6.73 \times 10^{40} \text{ erg/s}\), est une valeur énorme. Pour comparer, la luminosité totale de notre Soleil est "seulement" de \(3.8 \times 10^{33} \text{ erg/s}\). Cela signifie que cette galaxie émet, uniquement dans la raie H-alpha, près de 20 millions de fois plus d'énergie que notre Soleil sur toutes les longueurs d'onde ! Cela met en évidence l'énergie colossale libérée par les étoiles jeunes et massives.

Points de vigilance

L'incertitude sur la distance est la plus grande source d'erreur. Comme la luminosité dépend de \(D^2\), une incertitude de 10% sur la distance se traduit par une incertitude de 20% sur la luminosité ! La mesure précise des distances cosmiques est un défi majeur de l'astronomie.

Points à retenir

Pour passer du flux (mesuré) à la luminosité (intrinsèque), il faut connaître la distance. La luminosité est proportionnelle au flux et au carré de la distance : \(L \propto F \cdot D^2\).

Le saviez-vous ?

Pour mesurer les distances des galaxies, les astronomes utilisent des "chandelles standards" : des objets dont la luminosité intrinsèque est connue. Les plus célèbres sont les étoiles variables Céphéides et les explosions de supernovae de type Ia. En comparant leur luminosité connue à leur flux mesuré, on peut en déduire leur distance, et donc celle de leur galaxie hôte.

FAQ
Résultat Final
La luminosité H-alpha intrinsèque de la galaxie ASTERIA-G1 est d'environ \(6.73 \times 10^{40} \text{ erg s}^{-1}\).
A vous de jouer

Si cette même galaxie était en réalité à 30 Mpc (deux fois plus loin), quel serait le flux que nous mesurerions (en \(10^{-12} \text{ erg s}^{-1} \text{cm}^{-2}\)) ?

Question 2 : Estimer le Taux de Formation d'Étoiles (SFR)

Principe

Maintenant que nous avons la luminosité H-alpha, qui est une mesure du nombre de photons ionisants, nous pouvons la convertir en une quantité physique plus intuitive : la masse d'étoiles formées chaque année. Pour cela, nous utilisons une "recette" ou relation de calibration empirique.

Mini-Cours

La constante \(C_{H\alpha}\) n'est pas magique. Elle dépend de la Fonction de Masse Initiale (ou IMF, pour Initial Mass Function). L'IMF décrit la distribution en masse des étoiles à leur naissance : pour chaque étoile massive qui se forme, combien d'étoiles de faible masse se forment ? En supposant une IMF (par exemple, celle de Salpeter ou de Kroupa), on peut calculer la masse totale formée pour une certaine quantité de lumière H-alpha émise.

Remarque Pédagogique

Considérez cette étape comme une traduction. Vous avez un texte en "langage luminosité H-alpha" et vous le traduisez en "langage masse d'étoiles formées". La constante \(C_{H\alpha}\) est votre dictionnaire. Comme pour toute traduction, le résultat dépend de la qualité du dictionnaire (le modèle d'IMF utilisé).

Normes

La valeur de la constante de Kennicutt dépend de l'IMF choisie. La valeur donnée ici (\(7.9 \times 10^{-42}\)) est une valeur "classique" qui suppose une IMF de Salpeter, qui est une loi de puissance simple. Des IMF plus modernes (comme celle de Kroupa) donnent des constantes légèrement différentes.

Formule(s)

La formule de conversion est une simple multiplication :

\[ \text{SFR} (\text{M}_{\odot}/\text{an}) = C_{H\alpha} \times L_{H\alpha} (\text{erg}/\text{s}) \]
Hypothèses

Le calcul suppose que l'IMF est universelle, c'est-à-dire la même dans ASTERIA-G1 que dans les galaxies qui ont servi à calibrer la relation. C'est une hypothèse forte, mais qui semble raisonnable dans la plupart des cas.

Donnée(s)

On utilise le résultat de la question 1 et la constante fournie.

ParamètreSymboleValeurUnité
Luminosité H-alpha\(L_{H\alpha}\)\(6.73 \times 10^{40}\)\(\text{erg s}^{-1}\)
Constante de Kennicutt\(C_{H\alpha}\)\(7.9 \times 10^{-42}\)\(\text{M}_{\odot} \text{ an}^{-1} / (\text{erg s}^{-1})\)
Astuces

Pour vérifier l'ordre de grandeur, rappelez-vous que la Voie Lactée a un SFR de ~2 \(\text{M}_{\odot}/\text{an}\). Notre galaxie ASTERIA-G1 est un peu moins active, on s'attend donc à un SFR du même ordre de grandeur ou légèrement inférieur.

Schéma (Avant les calculs)

Le diagramme conceptuel ci-dessous montre le lien de cause à effet qui justifie cette conversion.

Chaîne de Causalité du SFR
Étoiles MassivesRégions HIILuminosité HαSFR
Calcul(s)

On substitue les valeurs de la constante et de la luminosité dans la formule.

\[ \begin{aligned} \text{SFR} &= C_{H\alpha} \times L_{H\alpha} \\ &= (7.9 \times 10^{-42}) \times (6.73 \times 10^{40}) \end{aligned} \]

On effectue le calcul final pour obtenir le SFR en masses solaires par an.

\[ \text{SFR} = 0.532 \text{ M}_{\odot} \text{ an}^{-1} \]
Schéma (Après les calculs)

Ce diagramme compare le taux de formation d'étoiles de notre galaxie ASTERIA-G1 à celui de la Voie Lactée (une galaxie spirale typique) et à une galaxie à flambée d'étoiles (starburst) très active.

Comparaison des Taux de Formation d'Étoiles (SFR)
SFR (M☉/an)ASTERIA-G10.53Voie Lactée~2Starburst> 100
Réflexions

Un taux de formation d'étoiles de \(0.53 \text{ M}_{\odot}/\text{an}\) est relativement modeste. À titre de comparaison, notre propre galaxie, la Voie Lactée, a un SFR d'environ \(1-3 \text{ M}_{\odot}/\text{an}\). ASTERIA-G1 est donc une galaxie spirale assez "calme". Les galaxies "starburst" les plus actives de l'Univers peuvent atteindre des centaines, voire des milliers de \(\text{M}_{\odot}/\text{an}\) !

Points de vigilance

La constante de calibration est le maillon faible. Elle est dérivée de modèles complexes d'évolution stellaire et d'atmosphères stellaires. Différents modèles peuvent donner des constantes variant de 20-30%. Le SFR calculé ici est donc une estimation, pas une mesure exacte.

Points à retenir

La luminosité dans un traceur (comme H-alpha) est directement proportionnelle au SFR. La conversion se fait via une constante de calibration, \(C\), qui encapsule toute la physique complexe de la formation et de l'évolution des étoiles.

Le saviez-vous ?

Il existe de nombreux autres traceurs du SFR. La lumière ultraviolette (UV) trace aussi les étoiles jeunes et massives. La lumière infrarouge lointain (Far-Infrared) trace la lumière des jeunes étoiles absorbée par la poussière et ré-émise thermiquement. En combinant plusieurs traceurs, les astronomes obtiennent une mesure plus robuste et complète du SFR d'une galaxie.

FAQ
Résultat Final
Le taux de formation d'étoiles estimé pour la galaxie ASTERIA-G1 est de \(0.53 \text{ M}_{\odot} \text{ an}^{-1}\).
A vous de jouer

Une autre galaxie a une luminosité H-alpha de \(2 \times 10^{41} \text{ erg s}^{-1}\). Quel est son SFR en \(\text{M}_{\odot} \text{ an}^{-1}\) ?

Question 3 : L'impact de la poussière interstellaire

Principe

L'espace entre les étoiles n'est pas vide. Il contient du gaz et de la poussière. Les grains de poussière, bien que petits, sont très efficaces pour absorber et diffuser la lumière, en particulier la lumière bleue et UV. Ce phénomène est appelé "extinction interstellaire".

Mini-Cours

La poussière interstellaire est composée de petits grains de silicates et de carbone, de la taille de la fumée de cigarette. Ces grains absorbent les photons de haute énergie (UV, lumière visible) et se réchauffent. Ils ré-émettent ensuite cette énergie sous forme de rayonnement thermique dans l'infrarouge. La quantité de lumière absorbée dépend de la longueur d'onde : la lumière bleue est beaucoup plus absorbée que la lumière rouge (c'est pourquoi le Soleil nous paraît rouge au coucher, sa lumière traverse une plus grande épaisseur d'atmosphère).

Remarque Pédagogique

Imaginez que vous essayez de compter les lumières d'une ville lointaine par une nuit brumeuse. Le brouillard (la poussière) va cacher certaines lumières et affaiblir les autres. Votre compte sera donc inférieur à la réalité. C'est exactement ce qui se passe lorsque nous observons une galaxie poussiéreuse.

Normes

Pour corriger cet effet, les astronomes utilisent des "lois d'extinction" (par exemple, les lois de Cardelli ou de Calzetti) qui décrivent comment la quantité de lumière absorbée varie avec la longueur d'onde. En mesurant le rapport de deux raies d'hydrogène (comme H-alpha et H-beta), on peut estimer la quantité de poussière sur la ligne de visée et appliquer une correction.

Formule(s)

La relation entre le flux observé (\(F_{\text{obs}}\)) et le flux intrinsèque (\(F_{\text{int}}\)) peut être modélisée par :

\[ F_{\text{obs}} = F_{\text{int}} \times 10^{-0.4 A_{H\alpha}} \]

Où \(A_{H\alpha}\) est l'extinction en magnitudes à la longueur d'onde de H-alpha. Une valeur de \(A_{H\alpha}=1\) signifie que le flux est réduit d'un facteur 2.5.

Hypothèses

On suppose que la poussière est répartie de manière plus ou moins homogène devant les régions de formation d'étoiles, ce qui est une simplification. En réalité, la géométrie est bien plus complexe.

Donnée(s)

Cette question est qualitative et se base sur les concepts physiques de l'extinction. Aucune nouvelle donnée numérique n'est requise pour y répondre.

Schéma (Avant les calculs)

Ce schéma illustre l'effet de la poussière. De nombreux photons H-alpha n'atteignent jamais l'observateur.

Extinction par la poussière
Nuage de poussièreÉtoilesObservateur
Calcul(s)

Il s'agit ici d'un raisonnement qualitatif, il n'y a pas de calcul numérique à effectuer pour cette question.

Schéma (Après les calculs)

Ce diagramme montre l'effet de la poussière sur un spectre d'émission. Le flux observé est plus faible que le flux intrinsèque, et l'effet est plus prononcé aux longueurs d'onde plus courtes (vers le bleu).

Effet de l'Extinction sur un Spectre
Longueur d'ondeFluxSpectre IntrinsèqueSpectre Observé
Réflexions

La raie H-alpha, bien que dans le rouge, est affectée par cette extinction. Une partie de la lumière H-alpha émise par les régions de formation d'étoiles est absorbée par la poussière avant de pouvoir quitter la galaxie et nous parvenir. Par conséquent, le flux que nous mesurons (\(F_{H\alpha}\)) est inférieur au flux qui a été réellement émis.

Si notre flux mesuré est trop faible, notre calcul de la luminosité (\(L_{H\alpha}\)) sera également trop faible. En cascade, en appliquant la relation de Kennicutt à une luminosité sous-estimée, nous obtiendrons un Taux de Formation d'Étoiles (SFR) qui est également sous-estimé.

Points de vigilance

L'oubli de la correction d'extinction est l'une des plus grandes sources d'erreur systématique dans la mesure du SFR. Pour des galaxies riches en poussière, le SFR réel peut être 10 fois supérieur au SFR "observé" sans correction. Les astronomes utilisent d'autres traceurs, notamment dans l'infrarouge (où la poussière chauffée par les étoiles émet à son tour), pour corriger cet effet et obtenir une vision plus complète.

Points à retenir

La poussière interstellaire agit comme un "brouillard" cosmique qui cache la lumière des étoiles. Ne pas en tenir compte conduit systématiquement à sous-estimer la quantité de lumière émise, et donc à sous-estimer le taux de formation d'étoiles.

Le saviez-vous ?

Le télescope spatial James Webb (JWST) est si révolutionnaire parce qu'il observe dans l'infrarouge. À ces longueurs d'onde, la lumière est beaucoup moins affectée par la poussière. Le JWST peut donc "voir à travers" les nuages de poussière qui sont opaques pour les télescopes optiques comme Hubble, nous donnant une vision bien plus claire des pouponnières d'étoiles.

FAQ
Résultat Final
L'extinction par la poussière interstellaire absorbe une partie de la lumière H-alpha, ce qui conduit à une sous-estimation du SFR réel de la galaxie.
A vous de jouer

Si l'extinction (\(A_{H\alpha}\)) dans ASTERIA-G1 est de 1 magnitude, par quel facteur le SFR réel est-il plus grand que notre calcul initial de \(0.53 \text{ M}_{\odot}/\text{an}\) ? (Rappel : \(1 \text{ mag} = \text{facteur } 2.5\))


Outil Interactif : Simulateur de SFR

Ce simulateur vous permet d'explorer comment le Taux de Formation d'Étoiles (SFR) calculé varie en fonction de la distance de la galaxie et du flux H-alpha que nous mesurons.

Paramètres d'Entrée
15 Mpc
2.5
Résultats Clés
Luminosité \(L_{H\alpha}\) (\(\text{erg s}^{-1}\)) -
SFR (\(\text{M}_{\odot} \text{ an}^{-1}\)) -

Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Pourquoi la raie H-alpha est-elle un bon traceur de la formation d'étoiles RÉCENTE ?

2. Une galaxie A est deux fois plus distante qu'une galaxie B, mais elles ont la même luminosité H-alpha intrinsèque. Comment le flux de A se compare-t-il à celui de B ?

3. Si l'on ne corrige pas l'effet de la poussière interstellaire, notre valeur calculée du SFR sera très probablement :


Glossaire

Taux de Formation d'Étoiles (SFR)
La masse totale de nouvelles étoiles formées dans une galaxie par unité de temps, généralement exprimée en masses solaires par an (M☉/an).
Raie H-alpha
Une raie spectrale rouge intense dans le spectre visible (à 656.3 nm) créée par la transition d'un électron de l'atome d'hydrogène du troisième au deuxième niveau d'énergie. Elle est caractéristique des nébuleuses en émission (régions HII).
Luminosité
La quantité totale d'énergie émise par un objet astronomique par unité de temps. C'est une mesure de sa brillance intrinsèque.
Flux
La quantité d'énergie reçue d'un objet par unité de surface à une certaine distance. C'est une mesure de sa brillance apparente, qui diminue avec la distance.
Mégaparsec (Mpc)
Une unité de distance utilisée en astronomie extragalactique. 1 parsec (pc) équivaut à environ 3.26 années-lumière. 1 Mégaparsec = 1 million de parsecs.
Extinction Interstellaire
L'absorption et la diffusion de la lumière des étoiles par les grains de poussière présents dans le milieu interstellaire, ce qui rend les objets moins lumineux et plus rouges qu'ils ne le sont en réalité.
Exercice d'Astrophysique : Calcul du SFR

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